Tatiana Gorgievski

Exposition de présentation ⎜Les mutiques ⎜ 20.06.2024 - 26.07.2024

Les figures présentées pour cette exposition forment, plutôt qu’une série, un groupe de présences, surgies de la peinture de façon chaque fois précaire et inanticipable. Le sens de ces apparitions se dévoile le plus souvent après coup, et chacune, ici, se trouve frappée de mutisme - silence aux différentes tonalités, mais toujours issu d’une défaite soudaine de la parole face à un événement qui nous frappe ou nous emporte. Cette impossibilité de parler, traversé par une expérience qui nous excède, peut alors nous laisser enfermés - exilés - en nous-mêmes. Mais ce mutisme est ambivalent : dépossession qui prive le sujet de la parole qui le fonde, il peut aussi constituer la pointe la plus haute de la pensée, densité adamantine de l’évidence qui se passe de toute médiation. Il se confond par-là avec le mutisme paradoxal de la peinture qui, montrant ce qui ne se dit pas, touche à cette clarté par le trouble et le mystère.

C’est par ce rapport à l’incommunicable et au trouble que Les mutiques constitue une voie d’entrée dans la peinture de Tatiana Gorgievski. Elle travaille à l’huile et avec des pigements purs, à échelle 1 ou plus, le plus souvent dans de grands formats par lequels le corps du spectateur se trouve happé et porté. Ces toiles manifestent des événements qui adviennent entre plusieurs figures, toujours à la lisière du langage, et creusent de ce fait l’ambivalence qui se loge au creux d’une scène, d’une rencontre, d’un désir ou d’une émotion. Ici, le format du portrait, qui garde la même échelle, déplace donc la rencontre de l’interaction des figures sur la toile à celle qui se joue entre elles et le spectateur. C’est alors entre nous, et le miroir ou l’altérité que nous tend le tableau, que l’ambivalence reflue, dans ce double mouvement où la figure se dérobe en elle-même tout en nous offrant son regard.

@AllisonBorgo

Tatiana Gorgievski (1997) vit et travaille entre Paris et Bruxelles.

Sa peinture tend à dépasser l’univocité de l’image pour toucher, à travers la matière et l’inanticipable apparition des figures, à des événements affectifs et charnels ambivalents.

D’abord élève à l’Ecole normale supérieure de Lyon en philosophie, elle mène ses recherches de master sur l’indicible dans la perception avant de découvrir dans la peinture un accès direct à cette intensité sensible. Elle rejoint alors l'École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre en 2021 à Bruxelles, dont elle vient d’être diplômée du master de peinture. Elle prépare parallèlement une thèse de philosophie sur la perception picturale à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Son premier solo show aura lieu en septembre 2024 à la galerie EDJI à Bruxelles.

  • 2024

    A venir, Galerie EDJI, Bruxelles.

    Les Mutiques, exposition de présentation, Galerie Julie Caredda, Paris, FR

  • 2024

    J’oublie tout, Atelier 34zéro Muzeum, juin, Bruxelles.

    2023

    Show, Abbaye de la Cambre, mars, Bruxelles.

    Roomies, JAM, février, Bruxelles.

    2022

    Wet Kunst, Galerie Shame, septembre, Bruxelles.

  • 2021-2024

    Master d’art visuels (M0, 1 et 2) spécialité peinture à l’ENSAV La Cambre, Bruxelles.

    2022 -

    Thèse de doctorat en philosophie esthétique à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Paris.

    2020-2021

    Master 1 d’art visuels spécialité peinture à l’Ecole supérieure des arts de Mons.

    2018-2020

    Master d’histoire de la philosophie à l’ENS de Lyon.

    2017-2018

    Licence 3 de philosophie à l’ENS de Lyon.

    2017

    Admise au concours de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon en philosophie.

    2015-2017

    Classes préparatoires littéraires spécialité philosophie au lycée Henri IV, Paris.

  • 2024

    "Art contemporain et philosophie, quels rapports ?", Le Grand Tour, revue dédiée aux biennales d'art contemporain, numéro de mai.